La révolution à Nogent sur Marne

 13 juillet 1788. Après une chaleur intense, le vent se met à souffler très fort. Les nuages s'amoncellent et grossissent. Les arbres sont déracinés et les toitures emportées. Pendant plus de deux heures, un orage terrible s'abat sur l'Ile de France. Puis soudain, des grêlons gros comme le poing viennent ravager les vignes, les fruits et les cultures.

Le 15 juillet, la municipalité veut dresser un constat des dégâts subits. C'est beaucoup trop rapide pour l'administration royale qui n'envoie ses commissaires que le 31 août. Il faut s'adapter à cette lenteur. Les indemnités ne sont pas pour maintenant.

Quêtes et collectes viennent en aide aux plus démunis.

Le 12 octobre, la municipalité reçoit un premier envoi de464 livres soit 29 septiers de seigle.

Au foudre du ciel, vient se joindre le percement de la route d'Allemagne. Jean Rodolphe Perronet (1708-1794) ingénieur des ponts et chaussées recherche avant tout l'efficacité et coupe Nogent en deux. Les quartiers nord (Cailles, Viselets, Epivants, etc..) sont rejetés sur Fontenay.

Outre les expropriations, les terrains adjacents sont transformés en carrières pour extraire les matériaux nécessaires à la construction de la route. Dans ces trous, de petits malins (peut être des garde chasse) viennent jeter des sacs remplis de lapins qui se mettent à proliférer et ravages les cultures.

La révolte gronde. Le Roi accumule maladresse sur maladresse et ne répond pas aux attentes de son peuple. L'hiver est rigoureux, venant ajouter au pauvres des souffrances dont ils n'avaient pas besoin. Tout est en place. Les Parisiens prennent la Bastille le 13 juillet 1789.

Dans la furie révolutionnaire, tout ce qui rappelle l'ancien pouvoir doit disparaître. La bastille est démantelée, les nobles doivent déposer leurs titres devant les représentants du peuple, l'Eglise est considérée comme un support des plus riches et doit disparaître. C'est la fin des privilèges. La révolution est en marche.

Plus rien ne doit rester

Le 21 novembre 1793, l'église est vidée de tous ses biens. Croix, chandeliers, encensoirs.

En décembre 1793, on martèle les statues, on burine les armoiries des pierres tombales sous lesquelles reposent des nobles. Toutes les croix tombent sous les coups de Nicolas-François Vitry.

29 janvier 1794, François Caprais Lequesne prend la direction de la municipalité. La nation a besoin de plomb pour fabriquer ses munitions. Dès le lendemain, il confie à Nicolas-François Vitry le travail macabre de récupérer le plomb des cercueils de l'église ou dorment des aristocrates.

Début février 1794, c'est au tour de trois des quatre cloches de partir pour les arsenaux ou elles seront fondues.

Le 18 février, c'est au tour de la sacristie d'être vidée. Linges, nappes d'autel, chasubles sont envoyés au district.

Il reste encore un symbole qui nargue les révolutionnaires…

L'église saint Saturnin au 18e siècle

Dans la société populaire, on ne peut continuer à vivre à l'ombre de la croix. Un arreté est pris le 10 prairial de l'an II. La municipalité doit "effacer la croix" d'urgence.

Aristide Valcourt, orateur au service de la convention, doit venir pour célébrer l'anniversaire du 31 mai, date de l'insurrection du peuple de Paris.

Le 15 prairial (3 juin 1794), Pierre Marjolin est commandité par l'assemblée générale de la commmune de Lequesne: Il emporte le contrat pour la somme de 40 livres. La fièvre révolutionnaire l'a certainement aidé à casser les prix.

Il monte son échafaudage pour couper les deux bras de la croix.

Quand Aristide Valcourt arrive le 20 prairial, il ne voit plus dans le ciel qu'un étrange décor de métal qui n'a plus rien d'une croix.

Pour la petite histoire, les paroissiens de Nogent contemplent encore aujourd'hui les restes de cette même croix.

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Merci à + Jean Roblin qui a publié ces informations dans son livre La révolution à Nogent sur Marne.

Maj du 01 02 1999